Les clés pour une « santé nutritionnelle » optimale avec un traitement par dialyse chronique
Le repas reste un moment de convivialité et de plaisir. En tant que dialysé, votre diététicien et votre néphrologue vous accompagnent et vous aident à adapter votre nutrition à votre maladie et à vos besoins spécifiques. Il ne s’agit en aucun cas d’un régime, l’objectif principal étant d’éviter une perte de poids et de muscle qui pourrait affecter votre autonomie et votre qualité de vie. Vos reins ne fonctionnent plus normalement et certains éléments ne peuvent plus être traités correctement. C’est pourquoi, même si aucun aliment n’est interdit, une consommation excessive de certains d’entre eux peut être néfaste.
Alors, tout est question de variété et d’équilibre !
L’activité physique
Le maintien de votre masse et force musculaires repose sur une activité physique régulière associée à une alimentation permettant de couvrir vos besoins nutritionnels.
L’activité physique a également des actions bénéfiques sur la pression artérielle, la fonction cardiaque, le cholestérol et le diabète.
Elle doit être adaptée à votre forme physique et à vos possibilités : demandez conseil à votre médecin.
Donc, bougez quotidiennement et évitez la sédentarité !
Lutter contre la dénutrition
Pour éviter une perte de poids et de masse musculaire, vos apports en protéines et en énergie (calories) doivent être suffisants.
Les protéines proviennent de deux sources :
- Source animale : viande, poisson, œuf, produits laitiers
Deux portions de viande, poisson ou œufs et deux à trois produits laitiers par jour vous apporteront la majeure partie des protéines nécessaires. Les besoins dépendent de plusieurs facteurs dont votre poids. Votre diététicien pourra vous recommander les quantités qui vous sont conseillées.
- Source végétale : féculents, céréales, légumes secs.
Les féculents, consommés à chaque repas, complèteront vos besoins en protéines tout en assurant un apport énergétique intéressant fourni par les glucides.
L’apport énergétique est principalement assuré par les lipides (graisses) et par les glucides (sucres).
Il est important d’utiliser des graisses d’ajout en quantité adéquate pour la protection cardiovasculaire. Privilégiez les huiles d’olive et de colza.
Par exemple : 10 g de beurre cru, 10 g d’huile d’olive et 20 g d’huile de colza par jour procurent un apport énergétique de 350 kcal avec 1.5 g d’oméga 3.
En cas d’apport alimentaire insuffisant, des compléments nutritionnels oraux peuvent vous être prescrits. Pris à distance des repas (par exemple l’après-midi et en soirée), ils vous permettront de compléter les apports lors des repas.
Prendre une collation pendant la séance de dialyse
Privilégiez une collation avec des aliments riches en protéines (thon, jambon, fromage, flan, yaourt, fromage blanc…) afin de compenser les pertes engendrées par la dialyse.
Profitez également de la séance pour pratiquer une activité physique, plusieurs centres disposent par exemple de vélo. Renseignez-vous auprès de votre néphrologue !
Eviter une prise de poids excessive entre 2 séances de dialyse
Modérez vos apports en sel car l’excès entraine une rétention d’eau et une augmentation de la pression artérielle.
- Cuisinez sans sel et sans cube aromatique pour bouillon,
- Parfumez vos plats avec des épices et des aromates,
- Evitez les plats cuisinés du commerce,
- Limitez les aliments riches en sel (charcuterie, fromage, biscuits apéritifs, aliments en conserve, olives…).
En cas de restriction hydrique, respectez la quantité de boisson prescrite
- Evitez de manger trop sucré ou salé pour ne pas stimuler la soif,
- Comptabilisez tous les liquides ingérés (eau, thé, café, jus de fruits, lait, potage),
- Buvez lentement dans un petit verre,
- Utilisez un brumisateur pour vous rafraichir le visage.
Adapter les apports en potassium et en phosphates
Des traitements destinés à abaisser le potassium et le phosphore peuvent vous être prescrits en complément des mesures diététiques. Respectez rigoureusement la posologie !
Adapter les apports en potassium
Lorsque votre kaliémie (concentration de potassium dans le sang en début de dialyse) est trop élevée, certaines adaptations nutritionnelles sont recommandées.
- Consommez suffisamment de fibres pour éviter la constipation (elle majore l’hyperkaliémie) avec un légume cuit et un légume cru ainsi qu’un fruit cuit et un fruit cru par jour,
- Epluchez, coupez et cuisez les légumes et pommes de terre dans un grand volume d’eau et jetez l’eau de cuisson,
- Utilisez les équivalences pour les fruits crus
1 portion = 1 pomme = 1 poire = 1 petit brugnon = 1 petite pêche = 2 mandarines = 1 petite orange = ½ banane (50 g) = 1 kiwi = 1 abricot = 1 petite part de melon (60 g) = 1 part de pastèque (120 g) = 10 grains de raisin = 2 prunes = ½ mangue = ½ pamplemousse = 10 fraises = 10 cerises = 20 framboises = 1 rondelle d’ananas
- Limitez les aliments riches en potassium comme les chips, frites, fruits secs, oléagineux, légumes secs, jus de fruits, potage, marrons, cacao,
- Proscrivez le sel de régime, il s’agit de sel de potassium,
- Evitez les additifs alimentaires apportant du potassium
Ils sont notés sur l’emballage avec leurs numéros E 202, E 224, E 252, E 326, E 332, E 336, E 351, E 402, E 451, E 515, E 622, E 628, E 632,E 950 (édulcorant, Acésulfame K) ou avec leurs noms (recherchez les termes potassium ou potassique).
Adaptez les apports en phosphore
- Ne réduisez pas les aliments riches en protéines (viande, poisson, œuf, laitages) sous prétexte de réduire vos apports en phosphates : vous risquez de vous dénutrir.
- Privilégiez les fromages à pâte molle car ils contiennent moins de phosphates que les fromages à pâte dure,
- Evitez les additifs au phosphatecontenus dans les préparations industrielles (crème de gruyère, charcuteries industrielles, sodas au cola, riz incollable, produits allégés en matière grasse….).
- Tout comme les additifs au potassium, les additifs au phosphate sont notés sur l’étiquetage avec leurs numéros ou avec leurs noms (recherchez les termes phosphates ou phosphorique) : les additifs phosphatés sont largement utilisés par les industriels. Les plus fréquents sont les E 338, E 339, E 340, E 341, E 343, E 450, E 451, E 452.
Tous ces conseils peuvent paraitre un peu compliqués, mais il suffit de consommer des aliments de chaque groupe en évitant les plats et sauces industriels. Demandez conseil à votre Diététicien-Nutritionniste et à votre néphrologue pour personnaliser les conseils et pratiquer une activité physique adaptée.
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Par Céline Pasian, Diététicienne-Nutritionniste
Hôpital Edouard Herriot, Hospices Civils de Lyon.