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J'ai compris

Mon voyage en Australie, pour Lui ! Souvenirs de Perth 2023...

Lundi 10 avril 2023

Je vais remplir ce cahier en essayant de consacrer quelque temps, tous les jours ou à chaque occasion qui le méritera, toutes les sensations, émotions ou évènements en rapport avec ma nouvelle aventure des Jeux Mondiaux des sportifs transplantés d’un organe vital.
Lui, dans le titre, c’est mon donneur d’organe, la personne anonyme que je ne connaîtrai jamais, mais que je vois à chaque fois qu’un membre d’une famille de donneur parle de l’acte héroïque de son proche.
Le grand jour du départ vers une destination de l’autre côté du globe, en Australie, le grand jour c’est demain. Ce sera peut-être le dernier parce que malgré toute ma motivation de promouvoir le don d’organes, le budget nécessaire pour partir devient extrêmement compliqué à rassembler.
Je pars pour la quatorzième fois dans ce pèlerinage de célébration du don de la vie : pour combien de temps encore si je ne trouve pas de partenaires financiers pour m’aider ? Je ne peux décemment plus prélever l’argent de ma famille : le seul argent aujourd’hui est alimenté par les retraites de mon couple. 
Oui, nous avons 70 ans, les années passées étaient plus aisées lorsque nous étions en activité professionnelle et en outre le coût de mes voyages étaient moins élevé.
Je vais commencer ma confession par des immenses remerciements envers vous, Astellas Pharma, que je sais aussi déjà sensibilisé au don d’organes par votre présence à la Course du Cœur de Trans-Forme et votre partenariat déjà lors des Jeux Mondiaux 2019 de Newcastle (UK).
Ce soir, mes valises sont prêtes, trois bagages car j’emmène mon vélo. L’excitation est bien là, présente ! Ai-je bien tout mis dans mes valises ? J’ai l’habitude, mais un oubli sans importance ou grave peut arriver !
Nous avons tous reçu, nous tous les membres de Trans-forme qui ont le privilège de partir, des instructions diverses, des recommandations à faire ou ne pas faire… Un code barre à présenter lors de l’enregistrement à notre arrivée… un numéro de dossard, oui déjà ! Et le mien commence par un sept, signifiant ma catégorie M7 des plus de 70 ans. Je pense que nous serons une quinzaine dans cette catégorie pour le cyclisme ! Il y en aura sûrement davantage au bowling, à la pétanque ou aux fléchettes. Il y en a pour tous les goûts et toutes les aptitudes physiques quant aux disciplines sportives.
Mon avion demain à Bordeaux part à 17h pour Amsterdam, puis un deuxième pour Singapour, puis un troisième pour Perth. J’arrive jeudi à minuit, heure locale. 7 heures de décalage horaire…

A demain ! 

Mardi 11 avril

Je suis à l’aéroport de Bordeaux avec assez d’avance pour écrire quelques mots… Mon épouse et ma fille la plus jeune (j’en ai deux) m’ont accompagné jusqu’au lieu d’enregistrement de tout mon barda.
J’ai quelques interrogations par rapport à mon état physique ces jours-ci. Je n’en ai pas parlé hier mais mes derniers entraînements sur le vélo ne sont pas merveilleux par rapport à la forme que j’avais il n’y a pas très longtemps. Je ne sais pas pourquoi, j’ai cette baisse de forme. Cela est très facile pour moi de m’en rendre compte. Je roule souvent avec les mêmes personnes au sein de mon club cycliste local. Dimanche dernier (avant hier) j’avais du mal à suivre des garçons que j’ai l’habitude de suivre aisément.
Bon stop ! Je n’ai pas le droit de me plaindre. Ma tête est toujours solide. On verra ça vendredi ou samedi lors des entraînements sur place. Les compétitions cyclistes sont prévues lundi et mardi 17 et 18. Et puis ma compétition à moi est réservée uniquement aux greffés de plus de 70 ans. Dimanche dernier j’ai affronté des coureurs d’un autre niveau.
Les discussions WhatsApp vont bon train. Mon téléphone vibre sans arrêt. Des centaines de questions provenant des nouveaux participants fusent continuellement.
L’enregistrement va bientôt débuter. A bientôt. 

Mercredi 12 avril – 16h45, Aéroport de Singapour

Je suis en train d’attendre l’embarquement pour la troisième et dernière étape : Perth.
Le trajet Amsterdam – Singapour est très long et pas du tout passionnant parce que l’engin qui nous transporte est énorme mais les passagers sont tassés comme des sardines. Impossible d’écarter les coudes, ni d’allonger ses jambes à notre aise. Et je ne parle pas des toilettes extrêmement exiguës.
De plus, on vit une époque où les gens vivent perpétuellement accrochés à leur téléphone. Pas un mot avec les voisins et ce n’est pas de ma faute ! 
Il me semble avoir reconnu un athlète greffé suédois dans cet avion, mais lui ne m’a pas vu je crois.
Ah oui, à Amsterdam, une contrôleuse de passeport m’a demandé pourquoi j’allais à Perth. Elle a été séduite par mon projet mais elle ne connaissait pas l’existence de la World Transplant Game Federation.
Il y a encore du boulot à faire n’est-ce pas ? Dans la promotion et la sensibilisation à tout ce qui touche la transplantation d’organes. A commencer par les médias.
Bon, ce soir à Perth je suis attendu par des organisateurs des Jeux car j’arrive à minuit, une heure très peu propice aux transports en commun…
Demain matin, jeudi 13, je me réveillerai confortablement dans l’hôtel Ibis qui va accueillir l’ensemble de l’équipe de France. Equipe de France qui part, elle, de Paris jeudi dans la journée.
Je ne suis pas parti avec eux car à l’époque du début des inscriptions, je n’avais pas encore la certitude de pouvoir participer à cause du financement …

Jeudi 13 avril – 7h (heure locale)

Bien, l’arrivée à Perth ne s’est pas déroulée tout à fait comme je le prévoyais.
Mon vélo est égaré… il n’est pas arrivé avec mon autre valise : Erreur de transmission entre les avions, je ne sais pas où ! 
De plus, il n’y avait personne comme prévu pour m’accueillir et me conduire à l’hôtel. Ça s’est arrangé finalement grâce à quelqu’un de l’aéroport qui m’a remarqué, à la peine. J’ai enfin regagné ma chambre Ibis à 4h du matin.
Bon, tout cela n’est pas très grave, si mon vélo arrive bien avant samedi… Je n’aurais pas pu m’entraîner ou du moins rouloter avant les épreuves qui commencent lundi.
Cyril et Christophe sont nos deux team managers pour la durée des Jeux. J’ai confiance en Cyril pour élucider le problème. Il vit aux Etats-Unis et possède le langage adéquat pour s’exprimer, ce que je n’ai pas. La langue australienne est vraiment compliquée à comprendre.
Pendant toute la durée du voyage, je n’ai vraiment pas pu communiquer avec quiconque, malgré le port d’une veste des Jeux précédents. Les gens aujourd’hui ne discutent pas facilement avec les gens qu’ils côtoient. Ils sont perpétuellement rivés sur leur téléphone ! 

Vendredi 14 avril

Il est 7h du matin. Le sommeil de cette nuit a été mitigé. Après le dîner hier soir avec une petite partie de l’équipe de France, je suis allé au lit de bonne heure, mais vers minuit j’avais déjà les yeux grands ouverts, pensant à mon vélo qui ne m’a toujours pas été livré à l’hôtel. Cyril suit par Internet le déroulé de l’affaire et bien que je n’aie reçu aucun mail, il m’affirme que lui a bien reçu une information de nature rassurante. Le bagage a été localisé et sera prochainement délivré à votre hôtel. Bien, demain c’est samedi, il ne me reste qu’un jour pour remonter un tant soit peu sur mon merveilleux engin de torture.
La partie de l’équipe présente à Perth, une petite dizaine, avons rendez-vous à 10h, ce matin, pour aller nous enregistrer et retirer nos dossards, munis d’un test antigénique négatif obligatoire pour pouvoir participer aux Jeux.
Je dis une prière, en secret, pour recevoir un mail m’annonçant la livraison de mon vélo !
Cyril m’a dit hier « au pire, puisque nous avons sept cyclistes dans l’équipe, on s’arrangera toujours pour te prêter un vélo au cas où le pire arriverait ».
Pfff… Il y a tout dans ma valise vélo : le vélo, bien sûr, mais aussi tout mon équipement (casque, bidon, chaussures, pompe). Difficile que ça marche correctement ! 
Non, il doit m’être livré aujourd’hui ! Cela serait catastrophique qu’après autant de préparatifs, autant de motivation, autant d’efforts pour réaliser ce rêve, que tout s’évanouisse à cause d’erreur ou de négligence de la part de la compagnie aérienne.

Samedi 15 avril

La bonne nouvelle est enfin arrivée ! Alors que j’étais dans l’après-midi d’hier en train de gamberger, mon téléphone sonne et une voix avec un accent australien m’annonce : << Mr Fossard, we have a bag for you >>. Ouf !
Vers 19h, le gros groupe France en provenance de Paris est arrivé. Enormes retrouvailles avec des anciens. Retrouvailles sympathiques car pour certains la séparation date de quatre ans, les Jeux 2021 n’ayant pas eu lieu à cause de la pandémie mondiale Covid.
Beaucoup de nouveaux aussi. Il faut dire que le renouvellement de l’effectif transplantation en France est très important, même d’un jour à l’autre.
Nous sommes seulement trois à avoir participé aux Jeux australiens 2009 (Gold Coast) et aux Jeux à nouveau australiens à Perth.
Mon collègue de France est un petit nouveau, greffé de rein, breton, jeune papa, sportif, également footballeur niveau national 4e division à St Malo.
Hier j’ai monté mon vélo : pas de casse apparente. Je vais voir si les jambes, le dos, le cœur vont bien, histoire de me rassurer un petit peu, car les jours derniers, je ressentais, comme je l’ai déjà dit, de la fatigue inexplicable.

Samedi 15 avril - Midi

Petite remise en selle ce matin, très sympa et vivifiante, en bord de mer, tout en piste cyclable.
Il y a cependant un petit souci pour l’ensemble de l’équipe de France : l’un des arrivants d’hier soir est positif au test antigénique. Enfin le souci est surtout pour lui, Philippe, car je ne sais pas s’il va pouvoir participer aux compétitions.

Wait and see.

16h40

Sur mon initiative, mon équipe de contre la montre par équipe s’est réunie afin de s’habituer à rouler ensemble.
Etant ancien coureur cycliste de 25 ans à 40 ans, j’ai essayé de leur transmettre la stratégie adéquate pour réaliser le meilleur temps possible sans être des bolides professionnels.
Il faut rester bien collés le plus possible pour se protéger du vent et rouler sans à-coup, ni freinage brutal, en mode toupie permanente, en quelque sorte. Très bonne sensation finalement. Notre équipe sera composée de Cédric, 50 ans, greffé du cœur ; Thomas, 21 ans, greffé du foie ; Alain donc, 70 ans, greffé du rein.
Ce soir il est prévu un repas en commun de toute l’équipe, mais il y aura quelques absents de par leur volonté, à cause du cas positif de Philippe.

Dimanche 16 avril

Philippe est mis à l’isolement. C’est vraiment un crève-cœur, surtout pour lui, mais aussi pour les anciens qui le connaissent depuis si longtemps.
Ce matin a lieu la traditionnelle course à pied sur route, épreuve de 5km qui a rassemblé un monde considérable.
Exploit de l’équipe de France qui obtient deux magnifiques médailles : Argent pour Lionel, 50 ans et plus ; Bronze pour Emmanuel, 40 ans et plus ; et surtout le classement par équipes avec Cyril, notre team-manager qui doit faire 4ème dans sa catégorie, mais au classement général aux places, c’est la France qui est première ! Je crois que c’est une première dans cette épreuve si relevée, de l’histoire des Jeux mondiaux.

Lundi 17 avril

Ce lundi 17 avril, j’y pense depuis des mois. C’est la date de la première épreuve vélo des Jeux 2023 de Perth.
Nous sommes levés, ce matin, avant le lever du soleil, à 5h30, car une navette doit nous conduire sur le site de l’épreuve : un circuit automobile au Nord de Perth, une bonne heure de trajet.
Quelle ne fut pas notre surprise à notre arrivée de constater que ce circuit était bien loin d’être plat. Du moins aussi plat que nous le croyions finalement. Encore plus dur que le circuit du Mans que je connais, avec deux côtes, certes pas très longues, mais présentant un dénivelé impressionnant. Plus de 8% pour la première côte et presque autant pour la seconde.
J’ai demandé personnellement à notre capitaine de cyclisme de remonter cette réclamation aux instances de la WTG.
Il y avait 108 coureurs engagés pour cette première journée dont 6 seulement pour ma catégorie des plus de 70 ans.
Le résultat m’offre une seconde place, une médaille d’argent, très belle. Entre deux américains, je connaissais le troisième de l’épreuve, pas le premier.
Après la pause déjeuner très frugale, on devait lutter pour une nouvelle médaille à l’occasion du chronomètre par équipes. 
La compétition a très vite avorté pour nous, car Cédric, greffé cœur depuis trois ou quatre ans a dû interrompre sa course brutalement à cause d’une crise de tachycardie. Secouru sur place, sans énormément de moyens d’ailleurs, il a pu récupérer son rythme cardiaque normal après une bonne demi-heure d’observation.
Notre médecin, Catherine, l’a interdit de compétition pour le lendemain. Le ressenti de Cédric a été très pénible. Il avait fondé tant d’espoir pour ces Jeux.
Le lundi soir, l’équipe se retrouvait réunie pour aller prendre le dîner dans des restaurants de Perth avec des bons de réduction « offerts » par l’organisation WTG.
Je reparlerai plus clairement de cette organisation nouveau genre de la part de la WTGF car elle mérite vraiment d’être discutée.
J’en étais aux compétitions vélo du lundi et du mardi, dans un endroit je disais, peu commun, que je juge bien trop difficile, voire dangereux, pour des personnes transplantées.

Mardi 18 avril

Seconde épreuve du programme des Jeux, ou plutôt troisième, si on considère que les deux épreuves contre la montre sont des épreuves distinctes, puisque sont décernées deux médailles et est réalisé un classement pour chacune des deux.
Donc aujourd’hui ont lieu les épreuves sur route avec sept classements pour les hommes et autant pour les dames. Certaines catégories sont regroupées pour constituer des courses d’environ 25 à 30 compétiteurs par course.
Tous les coureurs masculins de plus de 60 ans partaient tous ensemble. Un groupe de la catégorie 60-69 ans allait rapidement se détacher et se disputer les médailles.
Les 70-79 ans étaient éparpillés un peu partout à l’issue du premier tour (très sélectif) dont moi, mais en première position par rapport aux autres septuagénaires et ainsi jusqu’à l’arrivée.
Me voilà donc « Champion du monde » des transplantés, Catégorie M7. Et de ce fait, constitue ma cinquième médaille d’or depuis mes débuts en 2007.
Mon donneur, ce soir, est un héros. Moi, je fais ce que je peux ! 

Mercredi 19 avril

Les Jeux battent leur plein. L’équipe de France remporte de nombreuses médailles mais malheureusement beaucoup de places de quatrièmes.
Il y avait hier une soirée offerte par la WTGF au musée de Perth. Un musée d’histoire, sciences naturelles, géographie, très beau à voir, et il y avait un buffet dînatoire grandiose, gratuit (enfin !), où toutes les équipes étaient rassemblées dans une formidable ambiance conviviale et fraternelle.
J’espère revoir ceci lors du dîner de Gala, vendredi soir.
Dans l’histoire des Jeux, cette soirée finale n’a pas toujours été une réussite. Grandioses souvenirs de Bangkok, Durban, Zagreb et Dublin, Newcastle et Göteborg moins bien.
Les résultats affluent avec abondance aujourd’hui. Les podiums, je veux dire, avec la palme à notre équipe de Basket, qui à 3 joueurs seulement (chaque équipe avait droit à 6 joueurs, mais nous, nous n’avions aucun remplaçant) a obtenu la médaille de bronze. Une seule défaite au cours du tournoi, la demi-finale.
La natation brille, le tennis aussi. Je n’ai pas tous les résultats à l’instant où j’écris.
Moi je participais au tournoi de… fléchettes ! Oui, fléchettes. Il y avait la foule. La foule de participants. Tous les pays asiatiques en particulier.
Bien, en simple je fais troisième de ma poule : il fallait deux qualifiés ! Et en triplette, il y avait 4 poules et 4 équipes. Ne pouvaient continuer que les vainqueurs de chaque poule. Résultat : deuxième ! 
Oh, pas très grave en ce qui me concerne. Ce tournoi offre l’occasion de s’échanger pin’s ou autres souvenirs. Mes deux équipiers étaient un peu plus amers car ils disputaient leurs premiers Jeux et ils étaient jusqu’à présent bredouilles de médailles ! 
Il va être 17 h à l’instant et nous allons nous réunir comme tous les jours dans une salle au rez-de-chaussée de l’hôtel, pour débriefer la journée, analyser les résultats, anticiper la journée à venir, discuter de tout ce qui constitue notre vie ici.
Mes activités sportives sont terminées pour cette année. Je vais devenir supporter des athlètes français à qui il reste deux jours pour garnir la corbeille de médailles et de souvenirs.
Demain athlétisme. Vendredi Triathlon. La WTGF n’est pas très prompte cette année pour nous informer de la situation du classement général aux nombres de médailles. Peut être sommes-nous dans le top 10 ? Pas sûr car d’autres nations ont un effectif beaucoup plus étoffé. Ce trophée de meilleure nation, nous l’avions remporté en 2012 à Zagreb. Sacré souvenir quand même !

Jeudi 20 avril

Aujourd’hui je suis libre quant aux activités sportives. Beaucoup d’entre nous profitent de ces journées libres pour faire du tourisme.
Personnellement, je préfère rester dans le contexte sportif. Je vais donc aller supporter nos « petits » à l’athlétisme.
Je vais zapper un petit peu le fait que l’organisation laisse beaucoup à désirer. Ceci étant finalement secondaire, mais quand même… Des championnats du monde ne serait-ce que pour des athlètes transplantés, sans animateur, sans annonce de départ de courses ou de lancers ou de sauts, sans affichage de résultats. Tout cela donne une impression d’improvisation et de désordre permanents. 
Bref. Rodrigue (12 ans) a égayé la journée avec sa médaille de bronze. Lionel, fidèle à lui-même a remporté le bronze sur son 1500 m. Sandrine a dominé son 3000 m Marche. Juliette a gagné une médaille aussi aux 3000m Marche catégorie 18-29 ans. Jean-Christophe est resté au pied du podium : 4ème au lancer de poids.
La journée a été plutôt chaude et ensoleillée. Nous sommes au début de l’automne en Australie. Les journées précédant aujourd’hui ont été plutôt fraîches et même légèrement humides.

Vendredi 21 avril 

Nous sommes déjà à notre dernière journée sportive. Je suis en mode supporter à ce fameux triathlon dont c’est la première édition en concret de l’histoire des Jeu Mondiaux.
Ici, le cadre sportif, la météo, l’animation de la journée assurée, un magnifique peloton de compétiteurs. Quatre garçons et une demoiselle représentent nos couleurs.
La hiérarchie des valeurs se manifeste rapidement dans cette discipline. A ce petit jeu, Manu et Cyril sont parmi les favoris et se manifestent dès la natation en prenant la troisième et la quatrième position du peloton. L’un des deux premiers, allemand est un habitué. Il pratique le triathlon à haut niveau parmi les « athlètes non transplantés ». 
Manu également pratiquant et dirigeant du Triathlon club de Cagnes-sur-Mer.
Cyril perdra temporairement sa quatrième place au cours du cyclisme mais la récupèrera brillamment grâce à la course à pied.
Adeline sera merveilleuse également : Médaille d’argent chez les féminines.
Julien et Laurent complète l’effectif de l’équipe. 
Moment solennel au moment de la remise de médailles. Ces deux belles médailles vont conforter notre classement général aux nombres de médailles.
Peut-être serons-nous sixièmes si le tennis de table et/ou l’athlétisme font de même.
De retour de cette belle demie journée dans un beau cadre champêtre australien, il faut penser à ranger les vêtements dans les valises. Propres ou sales, le mélange est de rigueur. On fera le tri à la maison ! Le vélo est à démonter pour qu’il rentre aisément dans sa valise.
L’après-midi va être consacrée d’abord à faire quelques achats cadeaux à ma famille, puis vers 16h nous prenons la direction du stade d’athlétisme où doit se dérouler la soirée de Gala. La soirée si précieuse pour échanger entre nous, athlètes de tout pays, toute la chaleur humaine, l’enthousiasme, l’amitié, les aurevoirs, les larmes peut être. 
J’avais oublié auparavant de parler du spectacle émouvant dont nous a gratifié un jeune garçon uruguayen, plongé dans une crise de larmes à l’issue de son triathlon. Inconsolable pendant un quart d’heure.
C’est ça les Jeux Mondiaux, l’ambiance qui plane normalement ! 
Je suis allé ce matin au triathlon par choix parce que je sentais que cela allait être exceptionnel, tout en regrettant un petit peu de ne pas assister à la dernière journée d’athlétisme, qui se ponctue habituellement par une immense ronde autour du stade sur la piste, tout le monde se serrant la main et sur un signal caractéristique, l’ensemble des athlètes se dirigent vers le centre du terrain, créant la plus joyeuse et la plus émouvante des pagailles.
Finalement, la ronde des greffés ne s’est pas faite au stade à la fin des épreuves d’athlétisme. La coutume s’est perdue. C’est vrai qu’il y a une énorme rotation des participants… et des organisateurs !
Ici, combien étaient présents qui étaient là il y a 10 ou 15 ans ? Et puis les athlètes étaient trop dispersés à l’heure habituelle de la ronde.
La soirée de Gala s’est déroulée de manière assez agréable : Mode buffet en première partie mais en station debout ou assis par terre.
Nous sommes rentrés à l’intérieur du stade pour entendre les discours traditionnels, la remise des trophées aux plus méritants. A noter que le classement par équipe de la course inaugurale remportée par Lionel, Manu et Cyril a été récompensée. Coup de cœur des Jeux. Honorifique, ce n’est pas rien ! 
La gouvernance WTGF a changé de président. Mr Chris Thomas, successeur de notre français Olivier Coustere, laissant sa place à la suissesse Liz Schick. Liz, une ancienne connaissance depuis Bangkok. Liz à qui j’avais prêté mes lunettes de protection vélo, justement à Bangkok en 2007. Liz, qui m’a gentiment dit que je n’avais pas changé depuis cette époque. Je pense qu’elle me flattait car elle, comme moi depuis ce temps, nous avons pris de « l’usure ».
Ma valise vélo est prête. Je dois prendre une navette pour l’aéroport à 6h !!! j’ai également demandé si je devais régler quelque chose en partant. Heureusement, je dois effectivement une note mais elle sera réglée par Trans-Forme. C’est-à-dire grâce à vous ! L’heure du bilan est donc venue.
Les Jeux Mondiaux sont et seront toujours les Jeux Mondiaux. C’est-à-dire qu’il se crée invariablement une ambiance naturelle entre tous les participants. Une ambiance qui est quasi impossible entre personnes valides, communes.
La barrière de la langue peut engendrer quelques freins mais on arrive toujours à se comprendre. Quasiment tout le monde parle l’anglais alors même en tâtonnant, on arrive à communiquer. La prochaine destination est en Europe et on promet déjà de se retrouver.
Il est 23h30 heure locale australienne, je vais donc faire un dodo.
J’achèverai ce journal à la maison, au calme. Ma famille retrouvée et rassurée.
Mon épouse m’a avoué hier que c’était la première fois qu’elle trouvait mon absence si longue. J’aime… !

Lundi 24 avril

Les journées de samedi et dimanche ont été consacrées au voyage retour. Tout aurait pu aller pour le mieux si je n’avais pas rencontré quelques petits soucis.
Tout d’abord une demande à l’aéroport de Perth d’un forfait retour de mon vélo exorbitant : 447 dollars ! Après diverses tergiversations, la facture a été ramenée à la normale prévue par mon agence à Bergerac, soit 100 €.
Ensuite, le ratage de mon train pour Bordeaux pour une histoire de secondes. La porte du TGV s’est fermée devant mon nez. Report du départ pour 17h, TGV en retard de 2h… et perte de ma carte bleue dans ce dernier train. Bref, passons ! 
Le retour à la maison est une agréable sensation après une douzaine de jours d’absence. Le récit des péripéties, la distribution des cadeaux souvenirs, la présentation des médailles : des moments chaleureux inestimables. Mais aussi, la nostalgie de l’ambiance des Jeux est bien présente.
Les Jeux Mondiaux c’est un cumul de gentillesse, de partage, de complicité, d’efficacité, de dévouement, d’humour, d’amitiés, d’humilité, de dynamisme, en pensant à toutes les personnes qui composent notre équipe. C’est tout ça à la fois. Toutes des caractéristiques qui se révèlent plus difficilement entre personnes « valides » mais sont là extériorisées par le fait commun d’être tous transplantés.
On envisage déjà les futures retrouvailles, à commencer par un évènement tout proche : à Rouen, à l’Ascension, pour les Jeux nationaux.
Je vais aujourd’hui, lundi, penser à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé et soutenu pour réaliser une nouvelle page de mes participations aux Jeux Mondiaux des sportifs transplantés d’un organe vital.
Merci à vous. Votre aide m’a été précieuse. Pour que notre collaboration dure, je suis prêt à témoigner de la nature bienveillante de votre soutien.

Bien humblement et respectueusement.

Alain Fossard

Jeux Mondiaux, Australie, N°62