Portrait : Sandrine Lagrée
Je suis une sportive dans l'âme. J'ai fait 24 ans de foot dont plus de 10 ans à haut niveau (national). J'étais aux portes de l'équipe de France quand la maladie arriva : cancer du sang déclaré en 2000. A partir de ce moment, j'ai été dans l'obligation d'arrêter tous les sports de contact dont le foot. Malgré un traitement chimiothérapique jusqu'en 2012 (année de greffe), j'ai continué le sport en compétition dans la pratique du squash. Mon objectif était d'être dans les 100 premières françaises. Fin 2011, j'étais 137ème française, mais le cancer avait évolué sérieusement. La transplantation de Moelle Osseuse et l'ablation de la rate étaient inévitables. La greffe a eu lieu le 14 mars 2012. Le donneur est mon frère Thierry qui est 100 % compatible avec moi (sachant que je n'ai qu'un frère). Il faut savoir qu'une greffe de moelle osseuse est très lourde par tout un protocole en chambre stérile et de lourds traitements de chimiothérapie.
Après cette transplantation, ma soif de sport et de compétition était toujours intacte. Le squash étant trop dur physiquement, je commençai le tennis. Puis j'ai découvert l'association Trans-Forme qui organisait les Jeux Nationaux à Montargis. J'y ai participé sur plusieurs disciplines où j'ai ramené plusieurs médailles ainsi que le « Challenge de la meilleure performance ». L'année suivante, toujours par le biais de Trans-Forme, j'ai participé aux Jeux Européens à Vantaa (Finlande). Sur 3 disciplines, je ramène l'or en tennis. Puis je me suis inscrite aux Jeux Mondiaux de Malaga (Espagne) où sur 5 disciplines, je ramène le bronze en tennis, l'argent en squash et l'or aux 3000 mètres de marche sur piste. J'ai ensuite participé aux Mondiaux de Newcastle (Angleterre), toujours sur 5 disciplines, d’où je reviens avec 4 médailles, d'argent en squash, 3000 mètres marche sur piste, 200 mètres et pétanque. Et dernier événement sportif organisé par Trans-Forme : le championnat international de foot des transplantés à Tours. Il y avait 3 équipes : l'Italie qui finit 1ère, l'Espagne 2ème et la France 3ème. Cette dernière manifestation a été très dure physiquement personnellement car j'étais la seule femme transplantée parmi les hommes. Malgré notre 3ème place et notre coupe du Fair-Play, je pense qu'avec un entraînement collectif de l'équipe, la France jouerait les premiers rôles.
Aujourd’hui, je suis inscrite aux Jeux Mondiaux des Transplantés qui se dérouleront en 2023 à Perth en Australie.
Au-delà de la compétition, tous ces évènements, ces rencontres, sont pour moi l'occasion de partages, d'échanges, de joie, de remercier tous les donneurs (vivants et décédés) et surtout de militer pour le don d'organes, le don de sang, de plaquettes.
C'est aussi un bonheur de tous nous retrouver. Nous sommes une "famille" qui profitons de la vie au maximum et faisons honneur à nos donneurs. D'ailleurs je dédie toutes mes médailles à mon frère et à tous les donneurs disparus tragiquement.
Je terminerai par dire que la vie n'est pas finie après une transplantation. Bien au contraire, j'apprécie davantage chaque instant...
Je me permettrais juste un bémol : le regret du peu d'intérêts des médias nationaux.
Sandrine Lagrée