Mon mari fut transplanté le 21 juillet 1994 et est décédé le 4 décembre dernier… 27 ans après sa greffe cardiaque.
Il avait une cardiomyopathie (un gros cœur). Après recherches nous avons établi une relation avec ses nombreuses angines rouges mal soignées lorsqu’il était jeune.
Serge était très sportif : natation jusqu’à l’âge de 30 ans, puis le hand-ball et enfin beaucoup de vélo bien après sa transplantation.
Pour information, il était monté au col de la Bonnette, le col le plus haut de d’Europe avec son ancien cœur malade (il tombait souvent en syncope, et se relevait) … une forte volonté. Les médecins lui disaient de se reposer !
Puis 4 ans après la transplantation, en 1998, il est remonté à nouveau de Saint-Etienne de Tinée au col de la Bonnette à vélo : Il y a une Vierge sur le côté de la Route et nous devons nous rassembler le 4 juin 2022 (6 mois après sa disparition) pour y jeter ses cendres, comme il le souhaitait.
Il a respecté ce cœur qui lui avait été donné - seulement une semaine après avoir été mis en liste d’attente - et nous savons que ce cœur avait 28 ans (pas d’autres renseignements). Il a porté durant 27 ans une croix de bois et remerciait souvent son donneur sans le connaître. C’est le Professeur Jourdan à Nice qui l’avait opéré (aujourd’hui à la retraite) et il n’avait jamais été en dialyse durant quelque 27 années de médicaments.
Il nous a quittés une semaine après son opération (cœur qui battait de 50 à 200 et ses intestins et vessie qui communiquaient ont créé une grosse infection, …) : nous avons décidé avec les médecins d’Arnault Tzanck de le laisser partir dans la dignité. Il disait que la clinique Tzanck à Saint Laurent du Var était sa deuxième maison tant il allait souvent voir le docteur Elbeze… Et il est mort dans cette deuxième maison.
Grace à ce don d’organe, il a pu assister aux mariages de ses deux enfants (sa fille en 1996 et son fils en 2003) ainsi qu’à la naissance de ses cinq petits-enfants que nous allions voir chaque année à Houston aux USA.
Il disait toujours qu’il fallait respecter la chance de recevoir un cœur, et encore plus un cœur dans un corps sain et un esprit sain.
Il n’allait pas à l’église, mais croyait en un Dieu. Nous étions une famille unie et mariés depuis 52 ans.

Anne-Marie Roussel