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Trans-Forme précurseur du sport-santé - Docteur Christian d’Auzac, néphrologue

Page 3 sur 3: Docteur Christian d’Auzac, néphrologue

Docteur Christian D'Auzac, néphrologue

« Olivier Coustère est un de ceux qui ont permis de réaliser le sport du dialysé et du transplanté »

Avec Olivier Coustere, nous nous sommes rencontrés à Innsbruck en 1987. Nous avons mis quatre ans pour construire quelque chose de pérenne. À cette époque, on n’arrivait pas à transplanter plus de 800 personnes par an. Il y avait un nombre considérable de laissés pour compte et qui en plus mouraient. Il s’agissait donc de vivre malgré la greffe, les corticoïdes ou les immunosuppresseurs qui rendaient bien malade. Sans compter que seuls 20% des greffés, qui allaient très bien, arrivaient à reprendre le travail. La première façon de vivre était de faire vivre son corps.

Dans ce sens, nous devions prouver que l’activité physique faisait du bien. Il n’existait rien en terme de médecine du sport. Comme l’avait écrit l’un des créateurs de la médecine du Tour de France, nous allions « vers la permissivité du sport pour les malades. » Il fallait donc un fou qui accepte d’accompagner la folie d’Olivier et de quelques-uns qui voulaient s’essayer au sport. Ce que je fis. Néphrologue, réanimateur et transplanteur, il fallait que j’apprenne la médecine du sport. Nous nous sommes donc entourés de spécialistes, de médecins du sport et acoquinés avec des équipes universitaires de médecine de la fonctionnalité.

C’est ainsi qu’est née une médecine du sport pour dialysés et transplantés, en élaborant certains prérequis médicaux. Voulant que tout le monde pratique de l’activité physique, je demandais un test d’effort, des tests spécifiques pour les transplantés cardiaques et les hépatiques. Quelques examens de façon à n’avoir aucun accident lors des Jeux Nationaux et Mondiaux. Très vite, l’équipe française médicale était connue pour ne jamais avoir eu d’accident, contrairement à d’autres pays. Cette permissivité est donc devenue petit à petit un fait existant.

Tout ceci grâce à la combativité quotidienne, surtout en terme de subventions, d’un président d’association au prix d’un certain nombre de problèmes que ce soit sur le plan familial, santé ou professionnel. Depuis le début, même avant la création de l’association Trans-Forme, Olivier s’est donné corps et âme, battu bec et ongles, pour faire avancer les choses. À une certaine période, pour obtenir des subventions, il fallait voir avec les aides aux handicapés. Nous ne voulions pas parce que le handicap est une amputation fixée mais stable. Or, le dialysé comme le greffé c’est exactement le contraire. Il n’y a aucune amputation. Vous semblez comme tout le monde sauf qu’à tout bout de champ, vous pouvez mourir suite à des complications d’immunosuppression et donc des infections graves, voir mortelles. Et de l’autre côté, vous risquez de décéder à cause d’une immunosuppression insuffisante, c’est-à-dire le rejet et donc le retour à la case départ. Pour ce qui concerne les reins, la case départ est la dialyse. Pour les autres transplantations d’organes (foie, poumon, cœur), c’est le décès ou la re-transplantation dont on sait que cela ne fonctionne pas toujours bien.

À telle enseigne, qu’il fallait également faire progresser la greffe d’organes, le deuxième objet de l’association. La meilleure manière de démontrer que la greffe marchait, que les greffés et dialysés n’étaient pas des zombies mais de vrais êtres en cours de réhabilitation, c’était de s’exhiber en bonne santé et de faire du sport afin de montrer que le corps est à nouveau capable de travailler. Aujourd’hui, toutes ces notions de sport du dialysé, du transplanté, du malade… sont quasiment un chapitre de la médecine.

Merci aux greffés qui se mobilisent pour la cause, aux donneurs anonymes et solidaires, ainsi qu’aux familles qui ont perdu un être cher qui n’ont et n’auront pas dit non au don (encore 33% de refus) et dont le décès n’est et ne sera pas vain…

N°55, Vie de l'association